Nous avons reçu de l’Association MatRé et de l’association APSSC deux courriers adressés à Lionel Quillet, président de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré. Nous avons pensé intéressant de vous les communiquer, avec l’autorisation de leurs auteurs, car il serait étonnant que la presse locale les publie.
Frédéric Jacq La Flotte le 3 mars 2018
59 rue Cambronne
75015 Paris
Courrier recommandé a/r
Monsieur le président,
Vous avez engagé, depuis votre élection comme président de la communauté de communes de l’île de Ré en 2008, une politique volontariste visant à renforcer la vie permanente à l’île de Ré en définissant un objectif de 20 000 habitants, soit un doublement en 30 ans. Dès lors, vous avez, avec vos collègues élus, favorisé toutes les initiatives visant à la densification urbaine des villages et de leur périphérie, vous appuyant sur le concept qui vous est cher de « Ville – île de Ré ».
Le résultat est aujourd’hui catastrophique pour l’avenir car l’ile de Ré est « défigurée » avec une circulation permanente et rapide, source d’accidents, sauf quand la congestion entraîne un immobilisme prolongé, avec des échanges Ré-Continent incessants, de multiples ronds-points, des aires de stationnement bondées, des commerces en tout genre, avec demain non plus des marchands de glaces mais peut-être des vendeurs de hamburgers et des « grandes roues » (de l’infortune), avec une percée remarquée de la grande distribution (qui régresse ailleurs), le tout sur fond de spéculations et de la rentabilité maximale comme seul horizon, obscurci. Pour tenter de maintenir la croissance, vous avez vainement défié l’Etat pendant 3 ans et demi à propos du PPRN (Plan de Prévention des Risques Naturels), qui vise au contraire à protéger les populations des risques d’inondation et d’éviter que ne se reproduisent les sinistres survenus avec la tempête Xynthia, réglés par les assurés, au nom de la solidarité, pour certains évitables si les précautions avaient été prises et l’appât du gain contenu. Qui pourrait affirmer demain l’infaillibilité des digues ?
Vous avez balayé d’un revers de main, la demande dûment motivée des associations environnementales et de rares élus, d’une modération des zones constructibles lors de l’élaboration du SCOT déchu qui fait place à un plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de tous les dangers pour les équilibres de l’île de Ré, tel que vous l’avez dessiné.
En effet, les ressources naturelles de ce territoire sont limitées et ne permettent pas de faire vivre une population trop nombreuse. La variable d’ajustement est l’activité touristique mais la capacité d’accueil est dépassée au point de ne plus permettre la libre-circulation lors des nombreux pics de fréquentation. Pourtant, vous encouragez ce développement surréaliste, récemment avec la création de « Destination île de Ré » pour attirer les vacanciers français et étrangers, pris que vous êtes par la logique effrénée du tourisme de masse et très cher.
Dans le même temps, les élus donnent l’impression de favoriser les résidents principaux, les propriétaires de maisons de vacances semblant de moins en moins les bienvenus sauf à s’installer définitivement et à ne pas avoir trop « d’invités » ou de familles durant l’été.
De nombreuses personnes résidant plus de 6 mois par an sur le territoire insulaire, à la belle saison pour les retraités et la moitié de la semaine pour les actifs tout au long de l’année, ne sont pas recensés dans les « 20 000 » et pourraient accroître les effectifs et la pression exercée !
Concernant l’écotaxe, il est affligeant de constater que seuls une minorité des passages du pont donne lieu à son paiement par les usagers, comme si certains véhicules et conducteurs, lors de leurs passages répétés avec leurs camions, véhicules 4X4 DIESEL et autres, ne polluaient pas.
Inutile d’aborder le sujet des transports, véritable fiasco, comme le démontre l’échec de la mise en place des véhicules électriques, vides, en pure perte mais le contribuable est riche. En revanche, la cohue est de mise pour le passage du pont en bus lors des belles journées, ce qui est frustrant et injuste pour la population rochelaise et de la Charente-Maritime, les enfants des familles modestes des quartiers de La Rochelle ayant juste le droit de regarder votre île de loin. Je n’ai pas écrit de Loix.
Vous semblez déplorer la multiplication des habitations légères disgracieuses qui pullulent dans les campings privatisés devenus hors de prix et les constructions de résidences touristiques de masse, comme à Rivedoux sur un superbe espace naturel dédié à une activité sportive aujourd’hui « expropriée », véritable régression, mais ce sont bien les maires et la communauté de communes qui portent ces politiques expansionnistes.
Le complexe industrialo-portuaire de La Rochelle à quelques centaines de mètres de feu la belle plage de Sablanceaux, à l’orée de l’île, sur la commune de Rivedoux, dont vous encouragez le développement, n’est pas le sujet de cette lettre mais sachez que la pollution vient progressivement, comme à Fos sur mer, menace la biodiversité et l’image de « Ré la blanche », surmontée par un panache de fumée cimentière qui indique le sens du vent !
Enfin, vous ne pouvez ignorer les nombreuses transactions et départs de personnes déçues par l’île de Ré, ou qui ne peuvent rester faute de (gros) moyens et ceux qui résistent uniquement au nom de leurs valeurs et souvenirs. L’heure viendra du repli du marché de l’immobilier et du reflux du tourisme de « la destination la plus chère de France », dont ont été chassées les classes populaires et moyennes, où la quantité défie une qualité devenue médiocre en 10 ans, qui entraînera une vague de mécontentement, un possible appauvrissement et la précarité pour les plus fragiles.
Nombreux sont ceux qui, désormais, partagent ma plus vive inquiétude, considérant que la qualité de l’île de Ré est dévalorisée et demain peut-être perdue.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le président, l’expression de mes sentiments républicains.
Frédéric Jacq
Président de l’association MAT-Ré
Monsieur Lionel Quillet
Président de la communauté de communes de l’île de Ré
Copie
Monsieur le Ministre de l’environnement
Monsieur le préfet de région « Aquitaine Limousin Poitou-Charentes »
Monsieur le préfet de la Charente-Maritime
Monsieur le président du conseil départemental de la Charente-Maritime
Mesdames et Messieurs les élus de la communauté de communes de l’île de Ré
Association pour la Protection des Sites de Saint Clément
Association Loi 1901
Monsieur Lionel Quillet
Vice-président du Conseil Départemental
Maison de la Charente-Maritime
Saint-Clément des Baleines ce 10 mars 2018
Monsieur le Vice-Président,
Nous avons remarqué que les travaux de démolition des murs et bâtiments de l’ancien Zoo – Arche de Noé – ont débuté. La haie vive existante, rideau de végétation protecteur, a été sacrifiée imposant ainsi une large vision du parking que vous envisagez !
Devant cet état de fait, nous déplorons une fois de plus que l’APSSC, pourtant Association environnementaliste (malgré ce que vous en pensez !) et dédiée à la préservation entre autre de ce site classé, n’ait pas été informée et à fortiori consultée sur ce second projet !
….. mais, devons-nous encore nous en étonner ?!
Au vu de ce qui apparaît de la réalisation du parking du Phare et de ses abords – infrastructure périurbaine, en lisière du village, détruisant malgré vos proclamations l’espace naturel, et défigurant irrémédiablement ce Site – nous ne pouvons que nous indigner de la poursuite de ce massacre environnemental.
Il semble que la vision du rapport à la Nature a considérablement évolué aujourd’hui dans un sens positif de préservation, et que votre vision apparaît et apparaîtra de plus en plus dépassée, à contre courant de l’évidence écologique, par cette réalisation « dite naturelle » ! …et n’ayons pas peur des mots : ringarde.
Dans une feuille locale, vous prétendez sans ciller, que « votre parking est un des 5 à 6 grands sites environnementaux en France »…vous êtes trop modeste, ce sera la 8ème merveille du Monde !
Plus sérieusement et plus tristement, il est à penser que dans quelques années on fera visiter ce site dénaturé aux jeunes architectes paysagistes en le leur présentant comme l’exemple « parfait » de ce qu’il ne faut jamais faire dans une telle nature et en lisière d’un village !!!
Pour ne parler entre autres que du (ou Et que dire de ce ) giratoire bitumé adossé à ces murets en parpaings avec parements de silex, en contradiction totale avec les matériaux locaux, ainsi que du grand mur (là encore, où est le naturel ?) qui longe le parking des commerçants et que nombre de riverains et de Villageois, et même élus, nomment déjà : « le mur de la honte » tant il est monstrueux dans cet espace naturel !
Pourrions-nous prendre connaissance, comme le voudrait la règle démocratique, de ce second projet élaboré sans aucune concertation, ou allons nous une fois encore être mis devant un fait accompli, et voir ce projet imposé aux riverains et aux habitants du Gillieux, comme le premier ?
Place du Village,
«Boulevard » côtier des Doraux
Parking géant du Phare et ses abords, contre le Village ….
Ne pensez-vous pas avoir tué Saint-Clément ?! Vous aurez brisé l’âme de l’Ile de Ré par un aveuglement, et par une ambition démesurée vous aurez ravalé une Ile unique au rang d’une Station balnéaire standardisée et banale pour un tourisme quantitatif .. en réalité vous « marchandisez » l’Ile de Ré !!!
Il est un autre point que je souhaite aborder, et ainsi vous faire part de notre désolation une fois de plus, concernant le mur / parapet de la digue des Doraux.
Ce parapet, le cahier des charges le prévoyait « teinté dans la masse, dans le ton de l’enrochement », il est tout simplement réalisé en béton brut et non jointé … or à Loix, votre Commune, Monsieur, on peut remarquer et apprécier un joli muret qui longe la piste cyclable partant du Port … y aurait-il 2 poids et 2 mesures ?… un aménagement « privilégié » ne serait-il réservé qu’à une certaine commune ?
D’ailleurs, le Journal de l’Ile de Ré, le résume parfaitement, en page de couverture de son dernier numéro : « Loix, une Ile dans l’Ile » !!!
Nous sommes lucides, ne vous y trompez pas, mais notre détermination n’en est pas diminuée pour autant !
Je vous prie de croire Monsieur le Vice-président à l’assurance de mes sentiments distingués.
Marie-Christine Hiva
Présidente de l’APSSC.