JUSQU’OÙ IRONT-IL ?

 

Après le week-end  de l’Ascension,  Le Phare de Ré titre dans son édition du 31 mai :

«  64 000 passages : un record ! ».

L’île de Ré n’avait jamais connu une telle affluence en si peu de jours. Les kilomètres de files d’attente pour passer  le pont ont duré toute  la journée du dimanche et,  ce jour là, il n’était pas question pour un rétais,  d’aller  voir un parent à l’hôpital, d’aller prendre un train, d’aller chez des amis sur le continent …Nous étions en quelque sorte isolés du monde !

Lionel Quillet et Gisèle Vergnon responsables de la politique de communication développée par la SPL « Destination Ile de Ré »  étaient certainement heureux et devaient se dire : nous avons bien travaillé !

Et nous, habitants permanents ou secondaires ?

Ces deux élus nous ignorent  car ils tiennent avant tout à satisfaire le lobby touristique qui est, pour eux,  le fer de lance de l’économie rétaise.  Les campings, les hôtels, les résidences de tourisme,  les restaurants sont nombreux et  attendent cette affluence.  Il faut exploiter au maximum notre patrimoine naturel et historique.  Les tiroirs caisses des professionnels  se remplissent proportionnellement au nombre de touristes de passage.

Qu’importe si la qualité de vie des habitants en souffre, qu’importe  si la qualité des séjours   se dégrade, qu’importe si certains touristes très déçus par les heures d’attente au pont ne reviennent plus, qu’importe si notre patrimoine naturel est maltraité, qu’importe si un jour, l’île de Ré devient moins attractive : nos élus ne travaillent pas pour le long terme. Ils ont une vision très courte de l’avenir de Ré.

La preuve :

Au lieu de calmer le jeu et de vouloir protéger  un tourisme qui plait encore, même s’il n’a plus le charme des années  passées, les élus pensent  à :

  • une voie en site propre pour les autobus de Rivedoux à Sainte Marie.
  • des tarifs plus doux pour attirer plus de monde en période creuse.
  • une création d’une troisième voie sur le pont
  • la demande du passage du Tour de France dans l’île !!!

Ce sont des  mesures pour augmenter encore la fréquentation touristique et non pour la maîtriser.

La voie en site propre  pourrait apparaitre comme une mesure  positive parce qu’elle  réduit les temps de trajet des  bus. Ceux-ci étant  plus attractifs, les  touristes  devraient délaisser leur voiture. A l’évidence, cette idée est fausse : malgré les améliorations de l’offre de transport en commun  ces dernières années, le nombre de passages automobiles sur le pont ne cesse d’augmenter.

Le seul moyen acceptable d’éviter la saturation de notre réseau routier  est d’appliquer ce qui se pratique pour tous les lieux où il est impératif de limiter le nombre d’entrées : instaurer un nombre de passages automobiles de pont maximum en  périodes rouges (hors les titulaires de cartes d’abonnement). La commande des billets de passage de pont, ces jours là, devient alors souhaitable  à l’avance, si on veut être sûr de passer le pont à l’arrivée aux cabines. Pour cela il faut une loi. Et nos élus qui se vantent  d’avoir obtenu le déplafonnement de l’écotaxe par la loi, ne font rien pour convaincre les députés qu’une nouvelle loi est nécessaire pour limiter la fréquentation des espaces sensibles qu’il est nécessaire de protéger..

On parle de tarif rouge  pour les périodes de fortes  affluences : c’est une solution antisociale. Pour les ponts de printemps et pendant l’été, les gens modestes n’auront pas les moyens de passer le pont. Eux, ils viendront l’hiver ! De toute façon ces gens  ne dorment pas à l’hôtel, ne mangent  pas dans les restaurants, dépensent peu et de plus ils  encombrent  les routes l’été avec leurs vieilles voitures diésel.

La troisième voie sur le pont pour les services de sécurité, transports en commun, pompiers, ambulances  part d’une bonne intention…  mais lorsqu’il y aura 20 km de bouchon, ne sera-t-on pas tenté de l’utiliser pour décongestionner les routes  à l’entrée et la sortie du pont ? Voilà un bon moyen de faciliter  l’entrée d’un plus grand nombre de touristes.

Quant à l’idée de Monsieur Bussereau de faire passer le Tour de France dans les îles de Ré et d’Oléron afin de faire la pub de la Charente-Maritime, elle est tellement ridicule et impensable dans ces îles en juillet qu’elle ne mérite aucun commentaire.

Alors dans cette course à la fréquentation, jusqu’où iront nos élus ?  Accepteront-ils un jour de considérer que notre île est un territoire réduit qui ne peut supporter une fréquentation illimitée ?

Nous publions ci-après, avec l’autorisation de leurs auteurs,  deux courriers adressés à Lionel Quillet. L’un est de Patrick Salez, élu à La Flotte et spécialiste en aménagement du territoire, l’autre est de Marie-Christine Hiva, présidente de l’association de protection des sites de Saint-Clément des Baleines.  Les deux auteurs sont exaspérés, comme nous, par cette folle politique de développement touristique qui peut nous conduire à préférer  habiter ailleurs que dans l’île de Ré dans un avenir proche.

Message à l’adresse du Président de la Communauté de communes par Patrick Salez

Bonjour Monsieur Quillet,

Je me permets de vous inviter à longuement observer les deux photos jointes. L’effet de bouchon en sortie de l’île a duré de la fin de matinée jusqu’aux environs de 20 heures. Les limites de la saturation de notre territoire sont largement dépassées. Je m’en plains une nouvelle fois, comme régulièrement depuis huit ans maintenant. Comme de nombreux habitants de l’île, je trouve cela totalement insupportable.

Et ne me dîtes pas, je vous en prie, qu’il s’agit d’une fatalité due à l’attractivité de notre île (la magie de Ré la Blanche). Cette saturation, qui s’élève d’un cran à chaque saison, est le pur produit de votre politique. Une politique fondée sur deux axes ravageurs:
– l’urbanisation touristique incontrôlée des dix dernières années (elle est plus ancienne mais ces années-là vous reviennent) que le PADD du PLUi, qui dessine notre futur, ne cherche même pas à geler mais seulement à « maîtriser »;
– la stratégie de promotion touristique, de marque identitaire, de marketing territorial à outrance que vous avez mise en oeuvre par le biais de Destination île de Ré. Comme si les amateurs de l’île ne venaient pas d’eux-mêmes. Comme si l’île avait encore besoin de gagner des parts sur le grand marché des loisirs balnéaires.

Et vous appelez cela, il me semble, le « tourisme qualitatif ». J’en sourirais si je n’avais pas une terrible envie…. d’en pleurer.

Cordialement.

Patrick Salez
Association pour la Protection des Sites de Saint Clément

                           Association  Loi 1901

 

 

Monsieur Lionel Quillet

.

Président de la Communauté de communes

Saint-Martin de Ré

 

 

 

 

 

Monsieur le Président

 

 

 

Aujourd’hui, la preuve est faite :

Votre parking n’est en rien une « aire naturelle et environnementale », mais bien une infrastructure de parking (voir photos jointes à ce courrier), et nous ne pouvons que vous exprimer notre colère, ainsi que la colère et l’indignation des riverains et des résidents du Gillieux !

Vous avez fait de ce site agricole, verdoyant, calme et reposant une monstruosité polluante à tous les sens du terme !

 

Il est un point que nous souhaitons soulever : où est votre parole – comme mentionné dans le règlement de votre projet – de regrouper les camping-cars à l’extrémité haute du parking, et en nombre maîtrisé ?

Alors qu’aujourd’hui des travées de stationnement restent pour moitié vides dans la partie la plus éloignée, la 1ère travée la plus proche des riverains, en grande vision, est saturée par la masse de ces véhicules (20 à 25 chaque jour). Certains mêmes y stationnant toute la journée !

 

Par ailleurs, s’ajoute à cette pollution visuelle et sonore, celle d’une épaisse  poussière grisâtre qui pénètre sur les terrasses et dans les maisons aux fenêtres ouvertes, et s’étend  jusqu’au milieu du village ( photo d’un véhicule garé au cœur du Gillieux)…. Ce qui n’est ni supportable, ni tolérable !!!

Peut-on ajouter à cela, le mécontentement des usagers qui trouvent ce stationnement ridiculement accolé au Village, et pour autant trop éloigné du Phare et des commerces !!!

 

Même dite « provisoire », ( 6 mois malgré tout !) cette organisation ne tient aucun compte de la quiétude des riverains !

Pour ma part, j’ai toujours souhaité prendre en compte une qualité de vie pour tous, sereine et écologique, et non soutenir les « intérêts privés des riverains » comme vous le proférez dans votre journal : Ré à la Hune.

« Toutes les demandes de l’APSSC ont été prises en compte » dites-vous :

Vous plaisantez !!!

Il est toutefois important de signaler que lors de ce dernier week-end de l’Ascension, période de haute fréquentation de l’Ile, des véhicules étaient garés sur les bas côtés de la rue du Grand Fossé,  alors que des emplacements de parking restaient libres ! Résidant au Gillieux, j’ai pu le vérifier plusieurs fois par jour.

Il vous faudrait avec bonne foi reconnaître Monsieur, que la réalité contredit une fois encore vos affirmations ! La réalisation de votre parking est une grave erreur dans tous les domaines : pollution, vision, nuisances multiples avérées, et défigure cet espace agricole!!!

Consentiriez-vous à être résident en lisière de ce parking, et partager les nuisances quotidiennes des habitants ?!

Hélas, la dégradation de l’Ile est le fruit de votre aveuglement et de votre asservissement au « tout véhicule ». D’autres lieux touristiques ont fait des choix pertinents de protection des paysages, de l’environnement et ce, sans nuire à leur fréquentation.

Nous n’avons hélas pas eu cette chance à l’Ile de Ré, qui subit des dégâts irréversibles pour  le profit d’un tourisme de masse « consommateur » de l’Ile, que la CdC engendre par sa promotion touristique immodérée, et non d’un « tourisme qualitatif » que vous mentionnez en permanence !

L’Ile devient en fait un gigantesque parking, provoquant un appel d’air d’un tourisme quantitatif, par des créations de gare routière, (telle une banlieue), de gigantesques infrastructures, une urbanisation non maîtrisée, de longs bouchons rendant les routes impraticables … jusqu’à l’étouffement de ce petit territoire fragile !!!

Bref, vous créez une immense station balnéaire qui s’étend de Rivedoux au Phare des Baleines ….

Aujourd’hui, rendons-nous à l’évidence hélas, l’Ile de Ré perd son authenticité de jour en jour, n’est plus préservée, et l’environnement de la pointe des Baleines est totalement défiguré par cet aménagement imposé et contre nature !

Je vous prie de croire Monsieur le Président à l’assurance de nos sentiments distingués

Présidente de l’APSSC

Marie-Christine Hiva

PS : Nous nous permettons de vous rappeler notre courrier recommandé du  28 mars 2017 vous interrogeant sur votre intention future d’aménagement de l’emplacement du Zoo de Saint-Clément,  courrier resté aujourd’hui sans réponse.